Para una teoría de la clase media asalariada
Como dijimos en Vasos y faroles, pensamos que es posible definir de manera teórica la clase media asalariada (CMA). Esto consiste en situar a esta categoría de la población en la mecánica de la reproducción de la relación proletariado/capital. La CMA tiene una función orgánica en esta reproducción. No se trata sólo de una capa, definida de forma inevitablemente imprecisa por su nivel de vida, que se aproximaría en ocasiones al proletariado, así como a veces a la burguesía. El capital necesita la CMA, y hace lo que sea necesario para reproducirla con el fin de que siempre asuma su función. Se trata, por tanto, de comprender la posición y el rol de la CMA en la producción y circulación de la plusvalía.
Vasos y Faroles
Lo que sigue es una descripción general de los temas que abordaremos en la serie.
1. – ¿Existe la clase media asalariada?
La clase media es frecuentemente tratada de forma subordinada en las investigaciones teóricas del “entorno” de la comunización. Vemos varias razones posibles para ello.
Comenzamos aquí una nueva serie de « capítulos », dedicados a la clase media en la lucha de clases. La clase media ha sido objeto de una abundante producción en la literatura política y sociológica burguesa, pero ha sido considerablemente descuidada por la teoría comunista actual. Intentaremos remediarlo. Como la cuestión es muy amplia, nos limitaremos al ámbito de la clase media asalariada (CMA) en el capitalismo de hoy. Sus luchas son numerosas, a veces espectaculares y violentas, y estallan por todo el mundo. Pero esta no es la razón principal por la que pensamos que hay que abordar esta problemática. No es la cantidad, sino la naturaleza de estas luchas y su relación con las del proletariado nuestra preocupación central. A fin de cuentas, esperamos obtener de los numerosos análisis parciales que haremos, una visión de conjunto de la cuestión de la CMA en el contexto de una revolución comunizadora. Los resultados a los que lleguemos en el camino deben considerarse provisionales y abiertos a la discusión.
En un primer momento, trataremos de definir el campo y el objeto de nuestras investigaciones (Episodio 1), de sentar las bases para una teoría de la clase media (Episodio 2) y de utilizar estos resultados para analizar el caso del movimiento francés de 2016 contra la Ley El Khomri (Episodio 3). A continuación, extenderemos nuestra investigación a la cuestión del interclasismo y a otros países.
B.A. – R.F.,
Mayo 2017
Traducido por Irrupción ediciones
Accouchement difficile – Épisode 4 : L’inflation, ultime tentative de sauvetage du statu quo ?
Il y a un an (avril 2021), nous avions conclu le troisième épisode de notre feuilleton sur la crise-Covid avec des projections sur les scénarios envisageables pour le développement ultérieur de cette crise. Parmi ces scénarios, il y avait celui de « l’inflation qui revient ». Nous écrivions :
« Si elle [l’inflation, ndr] est trop forte, elle remettra en cause les équilibres du statu quo et enclenchera une dévalorisation massive du capital réel et fictif. »
Aujourd’hui le retour de l’inflation ne fait plus de doute, même s’il y a débat pour savoir combien de temps cela va durer. Dans cet épisode, il s’agira non seulement d’analyser ses causes profondes, mais également d’en saisir les implications, notamment du point de vue de la dévalorisation massive (et de la crise sociale concomitante) que nous envisagions. L’inflation actuelle est-elle susceptible d’entraîner une décongélation/aggravation de la crise, contrariant la trajectoire de sortie de la récession ? Est-elle porteuse d’une reprise d’envergure des luttes sur les lieux de travail, seul déclencheur possible de la restructuration majeure dont le capital semble avoir tant besoin aujourd’hui ? Telles sont les questions auxquelles nous tenterons de répondre sur la base des éléments structurels qui, au-delà de ses facteurs les plus immédiats et superficiels, provoquent l’inflation actuelle : la baisse brutale du taux de profit et la crise de la péréquation biaisée du taux de profit.
Travail productif, question féminine et autres problèmes fâcheux. Réponse à «Temps Libre»
La revue québécoise « Temps Libre » (TL) consacre son numéro deux à la question de l’analyse de classe. Dans ce cadre, elle consacre toute une section à notre livre Le Ménage à trois de la lutte de classe (Éd. L’Asymétrie, 2019). Après quelques brefs compliments, TL s’efforce de montrer que notre théorie de la classe moyenne n’est pas correcte. Voyons ce qu’il en est.
La revue commence (première section) par une vue générale sur « l’actualité de la question des classes sociales ». Les auteurs revendiquent une approche « rigoureuse » de cette question, et s’attachent surtout à définir le prolétariat. On verra que cette définition, certes importante, joue un rôle crucial dans leur approche de la classe moyenne, puisque cette dernière se définit comme ce qui reste après avoir défini les deux autres classes principales de la société, les capitalistes et les prolétaires. Cela nous semble peu rigoureux, d’autant que l’analyse rigoureuse devrait consister à saisir comment « l’activité spécifique de ces groupes, de par la place qu’ils occupent au sein du rapport de production, participe à la reproduction contradictoire de l’ensemble » (p. 11). Dans le cas du mode de production capitaliste (MPC), TL distingue ainsi
« la classe qui produit la plus-value – le prolétariat – celle qui se l’approprie – la classe capitaliste – et celle qui ne constitue pas l’un des deux pôles de la contradiction principale de ce mode de production – la classe moyenne ». (p. 53)
On voit qu’ici la classe moyenne ne manifeste pas d’activité spécifique, mais est définie de façon simplement résiduelle. C’est un manque de rigueur si étonnant que TL tentera plus loin de corriger le tir…
Autre aspect de la théorie des classes selon TL : celle-ci doit être menée du point de vue du dépassement du MPC : « Une théorie des classes est aussi une théorie de la révolution » (p. 12). Nous sommes bien d’accord, mais sommes restés sur notre faim tout au long de la lecture de TL.
Essayons de reprendre les problèmes traités par TL point par point.
La revue « Échanges et mouvement » a publié une recension de notre livre Le Ménage à trois de la lutte des classes dans son numéro 173 (hiver 2020-2021). Elle peut être lue ici. Nous y avons répondu par un court texte paru dans « Échanges », n. 174 (printemps 2021), que nous reproduisons également ici.
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On devrait se féliciter que le numéro 173 d’Échanges (hiver 2020-2021, pp. 54-56) consacre un article, sous la signature de H.S., à notre livre Le Ménage à trois de la lutte des classes. Classe moyenne salariée, prolétariat et capital (Éd. L’Asymétrie, 2019). Malheureusement, la recension du livre est si pleine d’imprécisions, d’approximations et d’arguments spécieux, qu’il nous est impossible de ne pas réagir.
Le début de l’année 2021 présente un tableau contrasté. D’un côté des chutes énormes de PIB dans un très grand nombre de pays au cours de l’année passée, sans retour de l’activité économique au niveau pré-récession par la suite (pas de reprise « en V »). D’un autre côté une dynamique d’approfondissement rapide de la crise qui semble avoir été enrayée par des politiques monétaires et budgétaires prétendument tout-puissantes. Dans cet épisode nous nous proposons d’explorer ce paradoxe d’une crise réelle, mais semblant immobile, congelée. Il nous est encore impossible de répondre à la question de savoir si la crise commencée en mars 2020 va être la crise majeure, radicalement dévalorisatrice, que nous envisagions à la fin de Le Ménage à trois de la lutte des classes (L’Asymétrie 2019). Tout ce que nous pouvons faire pour l’instant c’est essayer de décrire les mécanismes à l’œuvre dans la congélation de la crise, et d’en saisir les limites. Il faut ici souligner que le déclenchement d’une crise est lui-même, le plus souvent, un processus se déroulant par étapes. Lors de la crise dite « de 2008 », il fallut plus d’un an pour passer de l’effondrement des crédits subprime (juillet 2007) à la faillite de Lehman Brothers (septembre 2008).
[Presentiamo qui, in traduzione italiana, il capitolo III del libro di Bruno Astarian, L’abolition de la valeur, Éditions Entremonde, Ginevra 2017]
Dopo avere esaminato il pensiero di Marx in merito al valore e alla sua abolizione, e dopo avere visto quali problemi esso pone, possiamo ora presentare il nostro modo di affrontare la questione. Anch’esso è storicamente determinato. Poiché cerchiamo di comprendere il modo di produzione capitalistico dal punto di vista del suo superamento, il nostro sguardo sulla società capitalistica è determinato dalle forme attuali della lotta delle classi, allo stesso modo che per Marx in relazione alla sua epoca. Marx metteva in primo piano le lotte del proletariato per creare cooperative1. Da parte nostra, consideriamo che le lotte più significative della nostra epoca siano le rivolte anti-lavoro degli operai presi nel contesto della crisi del fordismo. Queste lotte sono apparse negli anni 1960-‘70 nei paesi industrializzati dell’Occidente2. Le ritroviamo oggi in Oriente, dove una parte significativa del lavoro industriale fordizzato è stata trasferita. In queste rivolte, il proletariato affronta il capitale rigettando la propria identità di classe del lavoro. Esso rivendica poco o nulla, non rispetta gli strumenti di lavoro e non avanza delle proposte di presa in carico dell’economia. Quando, anziché rivendicare dei miglioramenti, distrugge in modo apparentemente cieco i mezzi stessi della sua sopravvivenza all’interno del capitale (fabbriche, infrastrutture dei quartieri in cui vive, scuole, mezzi di trasporto etc.), esso esprime il rifiuto di ciò che lo assegna alla condizione proletaria. Ciò non esclude delle lotte più tradizionali (lotte rivendicative o tentativi di autogestione, ad esempio). Ma nel movimento perpetuo e cangiante della lotta di classe, occorre portare un’attenzione particolare alle lotte anti-lavoro in quanto sono la manifestazione delle contraddizioni più avanzate del modo di produzione capitalistico3. Le lotte della fase attuale (a partire dal post-‘68) annunciano che il superamento del capitale non si realizzerà attraverso l’affermazione della classe del lavoro come nuova classe dirigente, ma con l’abolizione simultanea delle due classi e la completa trasformazione dei rapporti tra gli uomini e tra questi e la natura. Questa prospettiva permette e impone di riconsiderare in profondità la problematica del valore e della sua abolizione. È questo l’oggetto del presente saggio.
« L’efficacité et la stabilité du marché des bons du Trésor américains est une question de sécurité économique nationale ». (D. Duffie)
Dans cet épisode, nous reviendrons sur une séquence à laquelle les commentateurs « critiques » de la crise-Covid se sont peu intéressés jusqu’ici, et qui pourtant est d’une importance historique. Il s’agit d’un événement complexe sur le marché américain des bons du Trésor, les Treasuries, qui pendant la deuxième semaine de mars s’est momentanément bloqué. Ce blocage a représenté une menace sévère pour le financement des déficits budgétaires de l’État fédéral, et manifeste les problèmes croissants auxquels est confronté le dollar comme monnaie mondiale.
Dans de nombreux récits, la crise-Covid semble résulter simplement de l’impact que le confinement et la mise en veille de toute une partie de l’activité économique ont pu avoir sur l’économie de tel ou tel pays ou sur le capitalisme mondial dans son ensemble. Dans le premier épisode de ce feuilleton, nous-mêmes n’avons que partiellement échappé à cette erreur. Il faut cependant essayer de mieux saisir les canaux de transmission par lesquelles la crise sanitaire s’est inscrite pour infléchir l’accumulation du capital et faire remonter à la surface ses problèmes actuels. Il y en a eu plusieurs, et une partie d’entre eux était déjà à l’œuvre avant la mise en place de mesures anti-pandémiques significatives dans l’immense majorité des pays (hors Extrême-Orient)1. Le blocage du marché des bons du Trésor américains en fait partie.
1 – Crise Covid : un type de crise inattendu
Dans ce qui suit, nous allons opérer une distinction entre trois niveaux d’analyse : sanitaire, politique et économique. Cette distinction est nécessaire. D’une part, l’urgence sanitaire et sa gestion politique ont précipité la crise économique, mais elles n’en ont pas créé les conditions, qui étaient déjà là avant la diffusion de la pandémie. D’autre part, pour des raisons que nous verrons, il n’est pas certain que l’urgence sanitaire et la crise économique qui s’en est suivie débouchent de façon immédiate et linéaire sur la crise majeure, économique et sociale, que nous tenons pour historiquement inévitable à terme.
Nous entamons ici un journal de la crise qui a commencé au début de 2020 avec la pandémie du Covid-19. C’est un exercice périlleux en ce que nos analyses vont manquer de recul. L’écriture de l’histoire immédiate n’est parfois pas loin du simple commentaire d’actualité. Nous nous lançons quand même. Nous nous appuierons de temps en temps sur le dernier chapitre de notre ouvrage Le Ménage à trois de la lutte de classes1, que ce soit pour infirmer ou pour confirmer les projections de la crise alors à venir, que nous tentions d’anticiper. Pour le reste, nos analyses se développeront dans le cadre normal de la théorie marxienne de l’accumulation du capital. L’apparition d’un virus plus dangereux que les autres ne change pas l’axiome de base : l’histoire du mode de production capitaliste est l’histoire de la lutte de classe entre prolétariat et capital. Toute crise manifeste un emballement dans ce rapport entre classes, plus ou moins critique selon les cas.
Le livre Le Ménage à trois de la lutte des classes. Classe moyenne salariée, prolétariat et capital, est sorti en décembre 2019. Les Éditions de l’Asymétrie, qui l’ont publié, ont récemment crée un site dédié dans le but d’y recueillir les réactions – recensions et débats écrits – que le livre suscite.
https://editionsasymetrie.org/menage-a-trois/
Nous signalons aussi qu’il est désormais possible de commander le livre directement sur le site de l’éditeur.
R.F. – B.A.,
juin 2020
Le texte qui suit est une version modifiée et rallongée de Classi medie e parole in libertà1 – une réponse à la recension que Dino Erba2 (dorénavant DE) a consacré au livre de Bruno Astarian et moi-même, Le ménage à trois de la lutte des classes, sorti en France au milieu de décembre 2019 (Éditions de l’Asymétrie), et actuellement en cours de traduction en italien. Suite à plusieurs sollicitations, il m’a paru opportun de revenir sur le premier jet de ce texte-là, d’abord pour le rendre intelligible à un lectorat plus ample, étant donné que la recension de DE a circulé uniquement parmi ses contacts personnels et n’est pas, à l’heure actuelle, disponible sur internet. En deuxième lieu, le compte-rendu de Le ménage à trois… donné par DE a été repris par Michele Castaldo (dorénavant MC), qui s’en est saisi pour un texte ultérieur, Ceto medio e suo movimento in questa fase3, sur lequel il m’a paru nécessaire m’étendre un peu plus.
Épilogue : classes moyennes et théorie communiste
Distinction entre prolétariat et classe moyenne salariée, distinction entre leurs revenus respectifs, distinction entre révolte interclassiste, même radicalisée, et insurrection communisatrice… Dans ce feuilleton, nous nous sommes assignés la tâche de commencer à tracer des lignes de partage. Mais notre ouvrage est loin d’être exhaustif. Et nous ne pouvons qu’espérer qu’il ouvrira la voie à d’autres travaux qui sauront en reprendre l’esprit et en élargir le champ d’investigation. En l’état, de nombreuses questions, théoriques ou empiriques, ont été laissées de côté.
Ménage à trois: Episode 12 – Le ménage à trois dans la crise qui vient (deuxième partie)
Dans l’épisode précédent, nous avons entamé une réflexion prospective sur ce qu’il pourrait advenir au ménage à trois de la lutte des classes dans la prochaine crise du capital. Après avoir envisagé la question du point de vue du capital et des capitalistes, nous l’abordons maintenant de celui des classes salariées, d’abord ensemble (interclassisme radicalisé), puis pour le seul prolétariat (insurrection?). Nous suivrons le plan suivant :
2 – La CMS et le prolétariat dans la crise qui vient
2.1 – Introduction : restructuration et/ou insurrection
2.2 – Radicalisation des luttes interclassistes dans la prochaine crise
2.2.1 – Devenir de la CMS dans la crise
2.2.1.1 – Paupérisation et prolétarisation de la CMS
2.2.2 – Caractéristiques générales de l’interclassisme radicalisé
2.2.2.1 – Engagement croissant du prolétariat
2.2.2.2 – Objectifs des luttes
2.2.2.3 – Pratiques de lutte de l’interclassisme radicalisé
2.2.2.4 – Du nationalisme à l’ultra-nationalisme
3.1 – Définition de l’insurrection
3.1.1 – Saisie de moyens de production
3.2 – Facteurs de déclenchement d’une insurrection dans les zones centrales à notre époque
3.2.1 – Destructuration des circuits de la reproduction prolétarienne
3.2.2 – Dénationalisation de la négociation et de la législation sociales
3.3 – Hypothèses sur une insurrection à venir
3.3.1 – Déclenchement de l’insurrection
3.3.2 – Devenir de la CMS durant la phase insurrectionnelle
3.3.3 – Nécessité historique de l’insurrection prolétarienne
3.4 – Communisation et dépassement du ménage à trois
3.4.1 – Travail manuel et travail intellectuel
3.4.2 – La production comme bricolage